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Scénario Victor de l'Aveyron

Synopsis : ÉTÉ 1799. D'après une histoire vraie

Un garçon sauvage est retrouvé dans une forêt près de Lacaune. Considéré comme une curiosité, ce garçon ne sachant ni parler ni se tenir droit est enfermé dans une grange. On suit le point de vue de Marguerite, une mère attachée au garçon. Il partira pour Paris afin d’être étudié.

1) EXT/INT. VILLAGE DE LACAUNE ET MAISON DE LA FAMILLE PONTAGE. NUIT

Vue du village agité, puis vue de l’intérieur de la salle à manger de la maison. La table est dressée et la soupe est servie. Marguerite et son fils Jean, 7 ans, sont déjà assis en attendant le père de famille. Marguerite est stressée, elle se frotte les pieds. On entend le bruit extérieur de la foule agitée puis les pas d’un homme se rapprochant de la maison.

Pierre, le père de famille, rentre dans la maison et se déchausse avant de déposer une longue corde.

                JEAN (précipité) :

    Vous l'avez attrapé ?

                PIERRE :

    Oui, mais on a eu du mal. Il courrait et sautait plus vite que nous, c'est pas pour rien qu'on l'appelle le sauvage !

                MARGUERITE (inquiète) :

    Vous ne lui avez pas fait mal au moins ? Il ne doit même pas avoir 10 ans le petit !

                PIERRE :

    Tu rigoles ! C'est plutôt lui qui nous a gnaqué ! Henri devait partir à la capitale demain mais je pense plutôt qu'il restera cloué au lit. En plus, le sauvage est installé dans sa grange.

                JEAN :

    Il était comment le garçon papa ? Est-ce qu'il vivait dans une grotte ?

                PIERRE :

    Il était féroce comme un loup ! J'espère qu'on va réussir à le civiliser, c'est pas gagné je vous l'dis !

                MARGUERITE (presque en larme) :

    Le pauvre, vous ne voulez pas le relâcher ? Vous ne pensez pas qu'il serait mieux là où il était ?

Marguerite prend son bol, marche d'un pas pressé pour le déposer dans la cuisine puis part dans sa chambre. La porte claque.

2) EXT. PLACE DU VILLAGE DE LACAUNE. MATIN

Ce matin, le marché s’étend sur la place. Certaines personnes, dont la maison est située à proximité n'hésitent pas à empiéter sur le trottoir pour avoir un espace de vente. C'est le cas d'Henri, qui a attaché l'enfant à un poteau (située à cinq mètres de la grange qui donne sur la rue) pour ne pas qu'il s'échappe. Ce marché attire tous les villages voisins et malgré la foule, tout le monde se connait.

Marguerite achète des pommes de terre. Soudain, on aperçoit deux garçons qui courent dans l'allée

                GARÇON :

    Venez voir, Henri nous présente le sauvage !

La foule s'amasse petit à petit devant la maison d'Henri à tel point qu'on ne peut pas voir le sauvage. Les stands se vident sans surveillance car les propriétaires sont curieux. Marguerite vole deux pommes qu'elle cache dans son tablier. Elle s'approche de la foule qui s'agite et essaye en vain de voir l'enfant. Dans le brouhaha on peut entendre : " Je le verrais bien dans un cabinet de curiosité ", " Ça m'fait penser à la fois où j'avais vu des esclaves au zoo ", " C'est pas un humain, c'est un monstre ". Tout à coup, on entend le bruit d'une morsure. Puis une jeune fille commence à pleurer. Sa mère jette son sabot à la tête du sauvage alors une bagarre s'en suit.

Marguerite contourne la foule pour arriver devant la grange d'Henri. Elle lance les deux pommes à travers la fenêtre avant de partir.

3) EXT. LAVOIR. MIDI

Quatre femmes sont en train de laver leur linge. Le soleil est au zénith. Une, qui ne participera pas à la discussion est plus à l'écart.

Personne ne parle. La scène prend le temps de montrer les arbres en fleurs, le bruit du ruissellement du cours d'eau mais aussi la manière dont le linge est lavé à cette époque. Puis une des femmes prend la parole.

                FEMME D’HENRI :

 Le sauvage ne s'est toujours pas remis de ce qui s'est passé il y a cinq jours. Il réagit très bizarrement : il ne sait pas lire, écrire ni même se tenir droit. Géraldine l'a même vu se nourrir de feuilles et de gland.

                FEMME DE DROITE :

    Comment a-t-il pu survivre seul dans la nature ? Et comment a-t-il attéri dans les bois ? Sa mère l'aurait abandonné ?

                MARGUERITE (rétorque rapidement) :

    Une mère n'abandonne jamais son enfant ! Ou du moins jamais par choix.

                FEMME D’HENRI :

    Qui sait, quand ton enfant est malformé ou retardé mentalement, il y a bien des mères qui les abandonneraient...

                FEMME DE DROITE :

    C'est horrible de dire ça ! Sûrement que ce garçon est devenu sauvage mais ne l'a ...

La caméra passe sous l'eau et la discussion est de plus en plus difficile à entendre. On voit un banc de poisson défiler. Un petit poisson est à la traine mais on ne sait pas s'il a besoin d'aide ou s'il préfère être seul seul. Il se fait gronder par sa mère qui l'attend.

4) INT. CUISINE DE LA FAMILLE PONTAGE. DEBUT DE SOIREE

Marguerite et Pierre préparent le dîner. Marguerite coupe des carottes et des courgettes tandis que Pierre fait mijoter le plat pour en faire une ratatouille.

                PIERRE :

    J'espère que Jean va bientôt rentrer. On lui avait dit de revenir avant la tombée de la nuit !

Jean rentre dans la maison en courant.

                JEAN :

    Papa ! Maman ! Henri a parlé à quelques personnes. Le sauvage va à Paris pour être étudié !

Personne ne parle. Marguerite regarde son fils sans laisser d'émotion transparaitre. Seule une larme coule sur sa joue.